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Sommet mondial sur la société de l’information :

Publié le mardi 27 septembre 2011

Par la Fédération Genevoise de Coopération (FGC) / René Zaugg

Mars 2003

Combler le fossé numérique : tel est l’un des buts déclarés du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Les possibilités techniques qui permettent aujourd’hui d’établir une communication indépendante des frontières, des obstacles topographiques ou des distances, ont suscité maintes attentes : le flux d’informations et de données, l’échange de savoir et la communication entre les cultures devraient "naturellement" réduire les fossés, réunir les hommes et rendre le monde un peu plus juste.

Plus que toute autre technologie, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) ont cependant démontré qu’il existe un fossé entre ceux qui participent et ceux qui sont marginalisés, voire exclus de la société de l’information. Ce fossé sépare non seulement le Nord du Sud, mais également les villes des régions rurales, les hommes des femmes. Il renforce les structures économiques, sociales et culturelles existantes. Refléchir à ces questions, dégager des lignes d’action pour combler ces diverses inégalités et permettre la participation de tous les citoyens et de toutes les sociétés à la société de l’information, voilà quels devraient être les véritables enjeux du Sommet qui aura lieu en décembre 2003 à Genève.

Mais les conférences préparatoires ont révélé d’importantes divergences quant à l’ordre du jour et au choix des thèmes à aborder. Les gouvernements sont réticents à discuter des dimensions éthiques, sociales et politiques de la société de l’information et ils évitent les sujets controversés, tels que les droits de propriété intellectuelle, les transferts de technologies ou même les droits de l’homme. Des questions telles que le développement des infrastructures ou l’éducation sont considérées d’abord sous un angle économique et technique.

Le texte qui suit est une tentative de synthèse entre ce qui s’est dit dans les exposés et au cours d’un atelier.

Le SMCI

Le SMCI est prévu pour se dérouler en deux temps :

• En décembre 2003, à Genève, avec comme objectif, une déclaration de principe et un plan d’action. Comme ce plan suppose un engagement volontaire des gouvernements, on s’attend ensuite à des signes politiques.

• En 2005, à Tunis, la deuxième partie du SMSI, qui représenterait une sorte de suivi, comme pour Rio.

Ces sommets sont précédés de rencontres préparatoires (la 3e aura lieu en septembre 2003) qui devraient fixer l’ordre du jour des sommets. Des rencontres régionales intermédiaires, plus ou moins représentatives, ont également eu lieu dans la perspective de dégager des décisions nationales et internationales et une vision commune.

Pour le moment, les ONG (= société civile) ont choisi d’être dans le processus de préparation plutôt que d’être en dehors et d’organiser un "anti-sommet". Associées aux journalistes, elles envisagent de faire pression sur les gouvernements pour choisir les thèmes à aborder. On constate cependant une très lente prise de conscience par le public des enjeux de cette société de l’information (lenteur comparable à ce qui a eu lieu pour l’environnement).

Des rencontres de juillet 2002 de février 2003 sont issues un certain nombre de lignes directrices :

• les sommets seront tripartites : gouvernement, secteur privé, société civile,

• il est prévu d’arriver à un bureau des ONG et un bureau des gouvernements.

Les dangers selon les ONG :

• En 1994, M. Al Gore a parlé d’une "société de l’information" qui signifiait avant tout (déjà !) une libéralisation de l’information, avec un lien très marqué entre politique et commerce.

• L’organisation du sommet incombe à l’UIT avec les risque qu’on n’aborde que le côté technique (comme ce fut le cas autour de la question du WEB) en évitant les sujets de politiques. On risque de "parler des tuyaux et pas du contenu". La question des contenus avait été abordée en son temps par l’UNESCO et cela avait soulevé de grosses controverses.

• Il y a un fort lobby du World Freedom Press Comitee (qui avait déjà attaqué l’UNESCO) contre le SMSI. Objectif : faire supprimer le pt 18 de la déclaration de principe (le droit à l’info est un des droits humains).

• La liberté des langues (pas seulement anglais sur le WEB) considérée comme une intrusion liberticide aux E-U (au nom du 1er amendement de la Constitution !).

• La primauté du commercial (OMC) a des retombées sur les futures discussions au SMSI. On voit bien que dans le domaine des télécommunications seuls les secteurs rentables sont convoités par des privés. Dans une logique du profit, on ne s’intéresse pas aux régions non rentables. Les énormes pertes de France-Télécom entraînent une diminution de la construction des infrastructures … au Sénégal (SONATEL racheté par France-Télécom).

• Pour information : chaque année, 400 mio de dollars sont payés aux compagnies européennes par les compagnies africaines comme redevance pour les communications qui doivent transiter par l’Europe faute de liaisons entre des pays africains.

Les enjeux selon les ONG :

• Intégrer tous les médias dans les discussions et pas seulement internet.

• Envisager les médias comme un moyen et non comme une fin en soi.

• La communication est un bien accessible à tous comme l’air ou l’eau. Dans cette perspective, les gouvernements doivent intervenir pour garantir un équilibre dans les informations entre privé (commercial), public et communautaire. Si on laisse faire les lois du marché, l’information pour tous n’est pas garantie.

• Sans engagement des gouvernements, on va reproduire dans le domaine de la communication les mêmes clivages que l’on retrouve ailleurs. "Les TIC, c’est LA solution", selon le discours dominant (cf la "mythologie" des autres technologies).

• Intégrer des thèmes comme les droits liés à la propriété intellectuelle (coût des logiciels, logiciels libres,…)

• Le thème de la sécurité s’est considérablement développé (données personnelles informatisées, possibilité de demandes d’information sur un client auprès d’un serveur sans mandat judiciaire…). La lutte contre la pornographie est souvent invoquée pour justifier les mesures sécuritaires.

• Jusqu’où garder un service public ? Un service public de qualité garantit le pluralisme. Dans bien des pays, il est devenu un instrument de propagande du pouvoir.

• Où est la limite entre ouverture et censure ? Problème des sites nazis sur le WEB. La France a été cataloguée (aux Etats-Unis) comme liberticide pour avoir interdit la diffusion des sites nazis de Yahoo.

• Faire entendre la voix des partenaires du Sud.

• La Banque Mondiale a créé un fonds "Information et développement" qui risque fort de financer les projets du Nord et pas les besoins du Sud.

• Liberté de presse comprise manifestement comme liberté des propriétaires de la presse.

Pour la FGC : René Zaugg - 16.03.03

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